La forêt se tenait là, devant lui. Immobile, figée. Comme lorsqu’il y vivait. Oui, bien qu’il fût Luraien, William avait toujours eu cette irrépressible envie de parcourir le monde, de le découvrir. Il ne voulait plus qu’il ait de secrets pour lui. C’était peut être pour ça que très tôt il avait quitté son Royaume natal, et était venu vivre ici, à Septiflore. Pourquoi avoir choisi le peuple de la Nature comme nouvelle famille ? Tout simplement parce qu’ils seraient sans doute les seuls à vraiment l’accepter. Et il ne s’était pas trompé. Bien qu’il ne fût pas l’un des leurs, ils veillèrent sur lui et le traitèrent comme un Septiflora. Il ne leur serait jamais assez reconnaissant pour tout ce qu’ils avaient pu lui offrir. Cette vie, ce nouveau départ…C’est grâce à eux qu’il était peut être l’homme qu’il était aujourd’hui ? Non. Il était déjà comme ça, avant d’arriver ici. En tout cas, il s’enfonça dans la forêt. Bientôt, il arriva devant la barrière qui était censée blesser toute personne impure, et la franchit sans aucun mal. Aussitôt, l’air de la ville l’accueillit. Une douce odeur de fleurs. Ah, Floralia…Il ferma les yeux et respira un bon coup, pour s’imprégner de ce petit bonheur simple de la vie. Oui. Il était bien, ici. Il se sentait mieux qu’à Lura. Même si…La beauté de la Reine de Lura faisait beaucoup d’ombre à celle de Septiflore. Tout du moins, d’après Stark. Il faut dire qu’il était fou de sa Majesté de Lura depuis fort longtemps. Alors ce n’était pas une belle paire de grands yeux ou une cascade de boucles blondes qui y changeraient quoi que ce soit !

Les badauds déambulaient dans les rues. La ville était pleine de musique. Les rires et les voix s’élevaient. L’ambiance qui se dégageait était agréable. C’était le genre d’environnement dans lequel aimait évoluer William Émile Stark. Un petit sourire vint se loger sur ses lèvres, et lorsqu’un jeune adolescent l’accosta en lui précisant qu’il était Fenrir Phoenix, Will n’en revint pas. Diable que ce gamin avait grandi. C’était la famille Phoenix qui avait accepté d’héberger le Luraien, quelques années plus tôt. Ils s’étaient montrés bienfaisants à son égard, et avaient agi comme une véritable famille. Jamais il ne leur en serait assez reconnaissant. Et leur garçon, Fenrir, avait tout simplement poussé. Pourtant, ils ne s’étaient pas vu depuis un peu moins d’un an. C’est dingue comme ça peut changer rapidement, un ado. Le jeune homme parlait toujours avec autant d’entrain, et en faisant de grands gestes. Beaucoup le regardaient, mais ils semblaient visiblement habitués. Il faut dire que le fils Phoenix était la grande gueule du Royaume. On le connaissait pour sa discrétion non légendaire…Will souriait, amusé. Mais ce qui devait arriver arriva. A force de gesticuler dans tous les sens, le Septiflora bouscula quelqu’un. Il se paralysa de la tête aux pieds, se retourna, et lorsqu’il constata qu’il s’agissait d’une fille, il prit la fuite. Il faut dire qu’il avait sale réputation dans le coin. On le traitait de pervers à tout juste dix-sept ans. Le pauvre. Ce n’était pas facile d’avoir une étiquette collée à la peau. Bien…Will allait devoir réparer ses bêtises. Après tout, il devait bien ça à sa famille. Il se baissa vers la demoiselle. Elle avait un visage pâle et aux traits fins, et des cheveux châtains et bien coiffés. Ils tombaient en cascade sur ses épaules et encadraient le précédemment décrit visage. Oui, elle était belle. Malheureusement pour ces Dames, le cœur de Stark était pris depuis déjà trop longtemps pour qu’il en aime une autre.

▬ Oh, veuillez m’excuser. Je suis navré. Je suis d’une maladresse parfois.

Se rendre coupable des « crimes » de Fenrir ? Ca ne le dérangeait pas. Il le faisait déjà pour Wellan, de temps à autre. Il avait le bagou pour se tirer de ce genre d’ennuis de toute manière, alors…
D’ailleurs, sa voix avait été très douce, lorsqu’il s’était adressé à la jeune fille. On pouvait ressentir qu’il venait de Lura. Il restait un être bon et joyeux, plein de peps et d’entrain. Même si tout au fond…Il n’était pas aussi « rose » que ses camarades de lumière. Son regard d’un bleu océan se posa dans celui de la demoiselle, d’un chocolat exquis.

▬ Ca va aller ? Demanda-il sur le même ton.

Oui, Will était très prévenant. Il se souciait plus du bien des autres qu’il ne l’affirmait. Même s’il n’était pas du genre à vous dire « Le mal…C’est mal. » Ou alors s’il vous le disait c’était uniquement pour plaisanter. Bon, il ne fallait pas rester par terre éternellement. Ou tôt ou tard on les confondrait avec les pavés et on les piétinerait. Il se releva et tendit la main à son interlocutrice. Allait-elle accepter cette aide de la part d’un étranger ?

Quelle forêt... En face d'elle se trouvait les arbres, derrière elle se trouvait Floralia, la cité principale du Royaume de Septiflore. Mais que faisait-elle ici ? Elle avait eu un jour de congé et elle avait eu la permission de partir d'Aldenya une journée entière, la Reine était très sympathique. Bara aurait d'ailleurs pu être sa soeur, elle n'avait qu'un an de plus que la jeune Reine. Courtisane, elle le devait à ses parents ce beau métier, celui ci lui était réservé bien qu'elle aurait préféré faire des stages d'entraînement à l'armée, frapper un mannequin dans les bijoux de famille... Pas assez de sensations par rapport à une vraie personne, dommage. Elle aimait bien frapper avec ses mains, ses pieds, ses coudes, elle ne se laissait pas faire et était assez méfiante. Il arrivait qu'elle se comporte gentiment avec le premier venu, c'était une chance inouïe alors. La courtisane était ébahie par la beauté de la terre, de tous les arbres, chaque feuille qui tombait au sol dans un fracas silencieux, le vent qui faisait trembler les branches... Un homme, souriant et gesticulant comme un idiot, fila un coup à Bara qui fit une drôle de tête, n'ayant pas pu esquiver le coup, elle tomba sous la force du jeune homme avant de le voir s'arrêter, comme pétrifié. Il se retourna.

? : (...)

Maladroit, ah oui. Bara pouvait le confirmer. Il ne ressemblait pas à un Septiflora ce jeune homme, il était plus pétillant et plus fantaisiste, plutôt un Luraien.

? : (...)

Euh, oui oui. La courtisane épousseta son T-Shirt avant de voir que le jeune homme lui tendait la main, accepterait-elle ? Mouais, elle avait envie d'être polie même avec cet homme qui avait des yeux... Extrêmement bleus, plongeant dans ceux de la jeune femme, grand moment. Elle accepta le contact et se releva grâce à la main du jeune homme.

▬ Merci, dit elle, à qui ai-je l'honneur ? demanda t-elle.

La jeune fille semblait avoir un peu de mal à réaliser ce qui s’était passé. Il faut dire que sa chute avait été rapide. Elle s’épousseta, visiblement soucieuse de son apparence. Will attendait, la main toujours tendue. Elle n’allait pas lui mettre, comme on dit dans le métier, un vent, hein ? Il se sentait très con. Mais il n’allait pas revoir sa proposition maintenant. Et heureusement qu’il ne le fit pas, car la demoiselle accepta finalement son aide, en le remerciant. Elle était maintenant sur ses deux pieds. Bon, elle n’avait visiblement pas subi de choc quelconque. Stark pensait que la discussion allait s’arrêter là, et qu’il allait pouvoir rentrer chez lui. Mais non. La pauvre demoiselle que Fenrir avait bousculé engagea la conversation. Qui il était ? Mais…Pourquoi s’enquérir d’une si piètre information ? Ils n’allaient probablement pas se revoir. Il était là par pur hasard, et peut être qu’elle aussi ? Il ne l’avait jamais vu auparavant dans le coin, ça ne devait donc pas être une Septiflora. Il aurait pu lui mentir, dire qu’il s’appelait Anthony Stark, Logan Wolverine, ou que sais-je encore ? Mais la réponse sortit spontanément.

▬ William Émile Stark, Luraien.

C’était dit d’un ton solennel. C’est peut être pour cela qu’il avait finalement décidé d’opter pour un sourire colgate qui signifiait « Ne me prends pas au sérieux, je ne m’y prends pas moi-même. » C’était tout Will, ça. Plaisanter, prendre la vie comme un passage où il fallait profiter. Si Dieu l’avait mis dans ce monde, c’est qu’il y avait une raison. Il lui aurait envoyé un message avec « Will, c’est Dieu qui te parle. N’oublies pas, tu es sur Terre pour profiter, pas pour travailler. » que ça aurait été pareil. L’esprit du Luraien était un dédalle surprenant d’idées plus farfelues les unes que les autres. Il croyait en un tas de choses auxquelles on ne croit pas encore. Il pensait que ce monde avait une fin, mais qu’on ne pouvait pas y accéder. Il croyait également que l’humour avait des vertus bienfaisantes sur la santé. Que Dieu n’existait pas. Qu’un jour, les hommes quitteraient ce monde, d’une manière ou d’une autre. Et bien d’autres choses encore, qui faisait qu’on le prenait pour fou. Il y avait toujours vingt idées différentes qui trottaient dans sa tête, et il arrivait à tenir une conversation avec plusieurs personnes en même temps. Par exemple, à l’heure où j’écris ces mots, il pensait qu’un jour on n’utiliserait plus des créatures pour tirer les carrosses et calèches, mais qu’elles se déplaceraient toutes seules. Ce qui ne l’empêcha pas pour autant de demander à son interlocutrice :

▬ Et vous ? Qui êtes vous ?

En règle générale, il aimait bien spéculer (oh en voilà un mot difficile ) sur l’origine des personnes qu’il rencontrait. Mais aujourd’hui il avait plus d’idées que d’habitude dans sa tête, et il ne pensa pas à le faire. Tant pis. Il aurait l’occasion de le faire avec quelqu’un d’autre. Parce qu’il en rencontrerait, des gens, avant de la journée. Il le savait. Parce que tout le monde adorait lui parler. Peut être parce que justement on le prenait pour fou ?

William : (...)

Bingo, un Luraien. Si Bara avait parié sur l'identité du jeune homme, elle aurait été sûre de gagner, trop simple de deviner ! Par contre, allait-il deviner qui était la jeune femme ? Peut-être pas. Il la prendrait peut-être pour une Septiflora ou une habitante d'Aion, voir même une habitante du Mondor ! Enfin, il ne devinerait pas son métier, c'est sûr ! Un métier si peu commun que celui ci ne se devine qu'après longue compagnie... Ou ne se devine pas, s'apprend. Jouer sur l'identité, c'est mal mais c'est bien non ? Après tout, c'est la vie et puis on referme la parenthèse, on laisse parler les deux jeunes gens. Son nom était William, charmant, Stark comme nom de famille, il avait l'air sympathique, après tout existe-t-il un méchant et sadique Luraien ? Ils sont plus dans le Royaume du Mondor ou à Tenebrae, quels rustres pays ! La guerre et le feu, la possession malsaine et la chaleur, ce n'était pas trop le truc de la courtisane, elle venait d'Aldenya après tout.

William : (...)

Ah oui, qui était elle ? Évidemment, cette question allait être posée. Mais pas de soucis, il 'y avait aucun problème à s'appeler Bara Ayuki, à Aldenya du moins, ces noms étaient très communs dans ce Royaume. Même la Reine avait un nom dans ce genre là... Mila... Curina... Non, Cortisalia !

▬ Bara Ayuki Jeali, Aldenyenne. Enchantée de vous connaître.

Elle était très polie, j'exagère ici mais si elle venait à le fâcher et à lui faire déclencher une guerre ? Il avait peut-être un travail de grande importance chez lui, peut être le chef des troupes ou le conseiller de la Reine elle même !

La jeune fille écoutait chaque réponse avec attention. Will parlait beaucoup. Ce qui était d'ailleurs plutôt rare pour un homme. Sans doute son côté Luraien qui reprenait le dessus. Et l'inconnue était apparemment très en confiance, sans doute à cause de sa nature blanche. Mais Will Stark n'était pas innocent, à l'inverse de ses camarades Luraiens. C'était un garçon réfléchi, enthousiasme mais pas tout le temps, avec un léger brin de sadisme. Il avait de quoi effrayer pas mal de monde. Par chance, ce trait de caractère n'apparaissait pas tout le temps. C'était peut être à cause de ce dernier qu'il s'entendait aussi bien avec Wellan. Ca ou alors le fait que lui aussi était incompris, traité de fou par tous les autres Tenebraens. Pauvre Well. William redressa la tête lorsque l'étrangère prit la parole. Aldenya. Ah ! La cité de Glace, où il aurait tant aimé se rendre. Bara hein ? Non peu commun. Il sourit.

▬ Vous avez beaucoup de chance d'y vivre. Moi même, je payerai cher pour y aller, mais je ne suis pas encore assez puissant pour pouvoir contrôler les nuages. Ce qui est assez problématique car c'est la seule manière pour un Luraien de se rendre chez vous. Anterina empêche d'y accéder. On dit qu'il y a un passage secret connu du Mondor pour s'y rendre, mais je ne l'ai toujours pas trouvé.

Déçu ? Will ? Oui, sans doute un peu. Il aurait donné cher pour pouvoir visiter ce Royaume. C'était l'un des seuls où il n'avait pas encore pu mettre les pieds, ce qui était très problématique pour lui. Et si certains se seraient lassés de ne pas parvenir à leur fin, lui, ça ne lui donnait que plus envie encore, et le poussait à donner le meilleur de lui même pour trouver ce dit passage ! Ses batteries étaient chargées à deux cent pour cent. Quoi ? Vous ne connaissez pas ce mot ? C'est normal. Personne ne le connait, dans le monde des Sept Landes. Mais moi, je ne suis pas de ce monde, et je le connais, ce mot. Bref ! Revenons-en à nos chers camarades qui étaient en pleine discussion. Tout du moins, Will animait la conversation pour deux. Fenrir avait disparu de sa mémoire, il en oubliait presque que c'était à cause de cet hyperactif en puissance qu'il avait pu engager la discussion avec une Aldenyenne.

▬ Dîtes moi, est-ce que votre civilisation est vraiment en danger ?

De tous les Royaumes, Aldenya était peut être le plus faible. La Reine était jeune, plus jeune que les autres souverains. Le peuple n'était guère en avance, comparé aux autres, et l'endroit pauvre. Will avait beaucoup eu vent, par certains Aioniens qui revenaient du Pays des Neiges, que la pauvreté était mère de tous les vices, là haut. On trouvait bien plus de mendiants, voleurs et hors-la-loi que dans les autres Royaumes. Et c'était peut être ça qui fascinait tant le jeune Luraien. Il avait envie de se faire sa propre idée de cet endroit qu'il n'avait pas encore pu visiter. Il espérait de tout coeur pouvoir un jour s'y aventurer, et donner la pièce à un pauvre mendiant. Mais il n'y croyait plus trop, maintenant...

William : (...)

Il était vrai qu'Aldenya était un endroit assez convoité, le si beau paysage glacé attirait pas mal de monde, pauvre garçon. Il souriait malgré sa visible déception, Bara le comprenait : en tant que Courtisane, elle pouvait voyager, quelque fois avec la Reine mais lui, il ne devait pas avoir un métier extrêmement intéressant et haut-placé, sinon il aurait surement déjà visité les contrées lointaines, le pauvre homme. Il avait de grands projets et de grandes envies, cela se voyait à ses yeux pétillants, brave homme tiens. Bara n'avait pas envie de se plaindre ni de LE plaindre, d'ailleurs pourquoi le ferait-elle ? Parce qu'elle était haut-placée au Royaume, pff ! Ce n'était même pas elle qui avait choisi, c'était ses parents lui avaient (servis sur un plateau d'or) fourni ce métier. Bara soupira longuement avant de regarder un peu la grande forêt et la ville de Floralia, rien à avoir avec Aldenya ça. La glace et les fleurs ne vont pas très bon ménage et ça tout le monde le sait très bien. Les Reines de ces deux Royaumes s'entendaient t-elles ? Peut être.

William : (...)

Civilisation ? En danger ?! Comment ça "en danger" ? Quel comique celui là ! Il rigolait hein ?... Non mais plus sérieusement, ce Royaume était loin d'être inférieur aux autres, pourquoi serait on en danger ? Non mais à l'eau quoi ! Voyons, ils ne pouvaient pas être en danger avec la Reine (bien qu'elle soit un peu jeune pour régner). Et Bara ne pouvait pas critiquer la Reine, en tant que Courtisane elle était quasiment sure de se faire attaquer dès son retour. A moins que... Peut être la Reine serait-elle indulgente. Mais non, ce Royaume n'était pas en danger.

▬ Pardon, demanda elle un peu surprise et énervée, en danger ? Je ne vois pas pourquoi nous serions plus en danger que les autres.

Ne pas l'énerver était-une chose primordiale si on ne voulait pas se prendre un coup de poing en pleine tronche, ce garçon risquait de s'en prendre un gros.

Visiblement, William faisait fausse route, vu la tête amusée de son interlocutrice. Bizarre. Pourtant, il était persuadé que nombre de passants de différents Royaumes avaient parlé d’Aldenya comme d’un pays pauvre et affaibli par la perte de son Roi. De plus, le Luraien n’était pas fou ! On lui avait bien dit que la reine n’était même pas majeure. Une adolescente sur un trône. Plutôt drôle, comme contexte. Même Will était plus vieux qu’elle. Mais bon. Il ferait mieux de ne pas se moquer de l’âge de la Reine d’Aldenya devant cette jeune femme, qui acceptait assez mal les critiques, visiblement. Maintenant, elle fronçait les sourcils. Elle avait compris que Stark était sérieux, et ça ne lui plaisait pas. S’il ne l’avait pas vu sur son visage aux traits effarouchés, il l’aurait compris à sa voix soudain devenue moins enjouée. Oups. La bourde. Will décida de faire « marche arrière ».

▬ Ah désolé je dois confondre ! Déclara t-il, l’air gêné, en levant les deux mains, comme si ces dernières allaient calmer son interlocutrice.

Roh, il ne voulait pas heurter les sentiments de la demoiselle. Il se renseignait juste. Sa soif de connaissance ne se tarissait jamais. Il voulait toujours en savoir plus. C’était sa drogue, son chocolat…Il ne pouvait s’en passer, et une fois qu’il avait sa dose, il devait en reprendre une rapidement. Il aurait pu se passer de nourriture contre une bibliothèque toute entière ! Et d’amour ? Euh…Abandonner le doux visage de Jadisse de Lura en échange d’un savoir infini ? C'est-à-dire que…L’idée était tentante, mais il s’y refusait. Il préférait avoir un juste équilibre entre les deux. Mais pour l’instant, la balance penchait trop du côté du savoir. Pourquoi ? Parce qu’accoster une Reine n’est guère facile, et que celle du Royaume de Lumière ne s’aventurait que rarement en dehors du Palais. Tiens d’ailleurs…Il avait eu vent justement qu’elle s’était rendue chez Cortisalia d’Aldenya, justement. Oh ! Peut être y était-elle encore ? C’était le moment ou jamais de la croiser, non ? Malheureusement pour Will, il ne pouvait pas se rendre dans ce Royaume ci. Rappelez-vous. Mais…Peut être que cette jeune fille, là, l’aiderait ? Quoi ? Ca signifiait avouer à une parfaite inconnue ses sentiments pour la somptueuse, l’incroyable, la brillante Jadisse de Lura ? Euh…Hors de question ! Déjà qu’il avait eu du mal à en parler à Wellan, alors à elle…Jamais de la vie !

D’ailleurs, en parlant de cette fameuse Bara, elle continuait de le regarder, l’air dur. Bien, peut-être faudrait-il penser changer de conversation ? Parler du temps ? Non. De son humeur ? Non plus. Actuellement, elle n’avait sûrement qu’une envie : lui donner une bonne correction. Mais oui ! Voilà ! Il venait de trouver la solution ! Il baissa les mains.

▬ Et sinon…Qu’est-ce qui vous amène ici ?

Il fit un faux sourire, qui paraissait être vrai. Il craignait encore de ne se prendre un poing dans sa face. Et Will était pacifiste, et il ne frappait ni les femmes, ni les hommes.

William prit tout à coup un air gêné, il n'avait pas du tout envie de se faire frapper, c'était sûr vu la tête qu'il faisait, personne n'avait réellement envie de subir les poings de l'Aldenyenne, elle avait de la force dans les bras et les jambes, elle pouvait peser le poids d'un éléphant si elle le voulait pour écraser ses ennemis. Willliam dit alors qu'il avait dû se tromper de Royaume, heureusement dit ! Si il avait renchéri le visage de la jeune femme se serait crispé et elle aurait pris un regard meurtrier. Mais bon, Bara ne se contentait pas vraiment de cette réponse, son visage n'avait pas changé. Pourquoi la femme était elle ici ? Elle se baladait tranquillement dans un Royaume qu'elle aimait beaucoup.

▬ Je me balade, dit elle en croisant les bras, j'aime bien ce Royaume : les fleurs les lianes... C'est tellement beau, quand je veux me détendre et parfois être seule je viens me reposer devant la forêt...

Elle sourit au jeune homme. Et pourquoi venait-il ici lui ? Bara comptait bien le demander. Il fallait quand même savoir ce que préparait l'homme.

▬ Et vous ? Que faites-vous donc à Septiflore ?

De la musique sortit des rues pavées de Floralia, aaaah... Quelle belle ville si animée ! La jeune femme continuait à sourire en décroisant les bras, elle commençait à vite s'adapter aux chants des oiseaux et à la tête de l'homme en face de lui.

La jeune Bara –il lui donnait tout juste 18 ans, mais il n’avait jamais été doué pour donner un âge à quelqu’un- lui expliqua les raisons de sa présence à Septiflore. C’est vrai que le lieu avait un petit côté relaxant. Petit côté relaxant dont malheureusement William ne pouvait pas profiter. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que sa phobie number one –et seule phobie au passage- régnait presque en maîtresse des lieux. La flore vivante, rampante, animée. Brrr. Il l’avait en horreur. En fait, il digérait plutôt mal sa rencontre avec des lianes qui l’avaient gardé plus de trois heures tête en bas. Et depuis…Et bien il préférait fuir que rester près de l’une d’elle. Oui, c’était assez stupide, assez fou, assez dément mais…C’était tout à fait lui. Il se fichait que les gens le regardent prendre la fuite, tant qu’il pouvait mettre autant de distance qu’il le faudrait entre lui et cette maudite verdure agitée !
Bara Jeali –c’est bien comme ça qu’elle avait dit qu’elle s’appelait, non ?- demanda à son tour à Will ce qu’il faisait à Septiflore. Humph. Avait-il vraiment envie de raconter à cette inconnue le pourquoi du comment il venait ici ? Car après tout, elle voudrait peut être savoir pourquoi un Luraien avait pris ses distances avec son Royaume des années plus tôt. Mais…Elle avait eu la franchise de lui répondre, et quelque chose chez elle le mettait en confiance. Peut être son sourire blanc comme la neige ? Ou bien ses cheveux aux reflets caramel ? Toujours est-il qu’il se décida à lui raconter un peu la misérable petite vie de William Émile Stark. Sortez les mouchoirs, mes amis !

▬ Et bien…J’ai vécu ici il y a quelques années. Mes parents avaient du mal à me comprendre, nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes et…J’avais envie de voyager. Depuis que je suis rentrée, Septiflore me manque. Alors je reviens assez souvent. Ici j’ai une sacrée notoriété.

Oui enfin ça c’est ce qu’il disait. Et pour affirmer ses dires, un homme vint le saluer chaleureusement, avant de sourire à son interlocutrice et de reprendre son chemin. Will n’était pas plus connu que ça dans le coin, en fait. Il avait juste quelques « contacts ». Mais ça bien sûr, il n’irait pas le clamer sur tous les toits. D’ailleurs…Il faudrait qu’un jour il essaie de rencontrer Oriane de Septiflore. Il l’avait croisé quelques fois, mais n’avait jamais tenté de lui adresser la parole. Pourtant, à bien réfléchir, la meilleure personne qui peut vous aider à rencontrer une Reine –une belle, magnifique, sublime et parfaite Reine-, c’est une autre souveraine ! Mais oui ! La solution était là ! Comment avait-elle pu échapper à Stark toutes ces années ? C’était décidé, il allait aller parler à Oriane ! Euh…Problème. Comment rentrer dans un Palais où nul ne le connaît ? Peut être demander une audience. Oui mais elles étaient juste autorisées aux Septifloras. Oh et puis zut ! Il en avait bien eu une, avec le père de l’actuelle tête couronnée du Royaume, pour vivre ici. Il parviendrait peut être à en obtenir une nouvelle ?